S'il faut presser chaque mot
L'étendre, le tordre
S'il faut le convoquer
pour l'oublier
Râcler encore un peu
Là où l'élimé l'a trahi
Perdu, presque
Dans l'épaisse bouche
des foules
S'il faut l'enrouler
vers soi
Protéger contre les
haleines versatiles
Son droit presque
aliéné à l'imprécis
Soutenir, s'il faut
Le soutenir un peu
Jusqu'à lui faire
rendre la moelle
S'il faut se dédier en
silence
A ses spasmes et sa
candeur
Pour ne rien dire de
l'Inconnu
Mieux vaut
Face au reflet des
lunes indécentes
Toujours trop
nues
Sur le clavier des
poètes en chaleur
Mieux vaut croire
Qu'à seule force de
volonté
On pourrait apprendre à
se taire
Juin 2018